Travail effectif et travail perçu
Il y a une grande différence entre la notion de travail effectif, celui que vous réalisez vraiment, et le travail perçu, celui que vos collègues pensent que vous réalisez. Être vous maître dans l’art de paraître débordé(e) ?
- Quelle image renvoyez-vous dans le milieu professionnel ?
- Quelle image ont vos collègues de vous-même ?
- L’image que vous renvoyez (travail perçu) est-elle en adéquation avec ce que vous faites au quotidien (travail effectif) ?
- Êtes-vous perçu(e) comme un « bourreau de travail » ou bien à l’inverse pour un(e) « moins j’en fais mieux je me porte » ?
Il n’y a pas forcément de différence, dans les faits, entre les deux. Je m’explique. Vous travaillez peut-être exactement la même quantité que l’image que vous renvoyez (travail effectif = travail perçu). Vous maîtrisez ainsi la situation, elle est équilibrée.
Dans certains cas, il y a un déséquilibre. C’est le cas lorsque vous travaillez moins que ce que vos collègues perçoivent (travail effectif < travail perçu) ou bien lorsque vous travaillez plus que ce que vos collègues perçoivent (travail effectif > travail perçu).
Prenons un exemple. Julien et Thomas travaillent dans le même bureau. Ils ont le même poste, le même contrat de travail et les mêmes outils de travail.
Cependant, face aux missions qu’ils doivent remplir, ils ne réagissent pas de la même manière.
Manque de communication
Julien est méticuleux. Il réalise toutes ses missions avec discrétion. Il ne communique pas beaucoup sur les missions qu’il effectue.
De même, ses collègues ne savent pas toujours lorsqu’il travaille sur des missions supplémentaires de façon ponctuelle.
Il y a deux limites à cette situation. Tout dépend du contexte. Le fait qu’il ne communique pas sur son travail peut renvoyer une image faussée du travail qu’il effectue réellement. Il n’est pas réticent ou individualiste, il s’agit ici de discrétion ou bien d’une sorte de timidité. Tant que l’on ne lui demande pas de donner de la visibilité sur ses missions, il ne le fera pas de lui-même. Ainsi, ses collègues ne sachant pas clairement la quantité de travail qu’il effectue, des aprioris peuvent apparaître au sein de l’équipe.
Certains peuvent être amenés à penser qu’il n’est pas volontaire pour effectuer de nouvelles choses (alors que c’est ici le cas, Julien travaille régulièrement sur des projets nouveaux, qui changent du travail quotidien). De même, certains iront jusqu’à penser qu’il ne travaille pas beaucoup, ou du moins, pas autant que les autres collègues qui eux, communiquent sur leurs missions.
Pourtant, il travaille la même quantité que ses collègues, voire parfois davantage. Le travail perçu est à un niveau plus faible qu’il ne l’est en réalité.
Prenons maintenant la situation inverse, avec le cas de son collègue de bureau Thomas.
Excès de communication
A l’inverse de Julien, Thomas va davantage droit au but dans l’exercice de ses fonctions. Il ne travaille pas autant dans le détail mais déblaie-lui aussi ses sujets avec efficacité. En effet, il communique beaucoup sur ses missions. Il ne rate pas une occasion d’expliquer à ses collègues ce qu’il fait de son quotidien dans l’entreprise (sans être lourd bien sûr, il agit de façon naturelle).
Les réunions de travail et les pauses café sont les moments privilégiés pour cela. Thomas en profite aussi pour questionner ses collègues sur l’avancée de leurs missions. Il communique beaucoup et initie le dialogue avec ses collègues.
Il y a deux limites à cette situation. Dans certains cas, il peut y avoir un déséquilibre entre le travail qu’il effectue réellement et le travail perçu par ses collègues. A trop communiquer sur ses missions et à parler régulièrement avec les autres, certains vont parfois penser que Thomas « parle plus qu’il n’en fait vraiment ». Ce n’est pourtant pas le cas. Thomas travaille très sérieusement, tout comme ses autres collègues. Ici, le travail perçu est plus faible que le travail qu’il réalise réellement.
D’un autre côté, certains vont aussi avoir une image faussée, mais d’une autre manière. Ils vont penser qu’il travaille énormément, bien plus que les autres collègues. Or ce n’est là encore pas le cas, il effectue la même quantité de travail que ses collègues.
Cela vient du fait qu’il communique très bien sur ses missions et que certains de ses autres collègues, comme Julien par exemple, ne communique que très peu sur leur travail effectif.
Cela crée une sorte de contraste. Le travail perçu va être ici plus élevé que son travail effectif.
A chaque contexte ses comportements
Attention, aucun des deux exemples (Julien & Thomas) n’est meilleur qu’un autre dans toutes les situations.
La discrétion de Julien est très valorisée pour certains postes où des données personnelles sont traitées, par exemple. On peut facilement imaginer la discrétion demandée à quelqu’un qui gère la paye des salariés de l’entreprise. Le secret professionnel est de mise et vital.
A l’inverse, l’excellente communication de Thomas peut être une condition sine qua non sur certains postes. Elle est d’ailleurs très valorisée lorsqu’il faut créer une cohésion d’équipe et une transparence sur les missions de chacun.
Il n’existe que des situations particulières qui s’inscrivent dans un contexte, spécifique lui aussi. Les solutions miracles qui fonctionnent dans toutes les situations, cela n’existe pas. Il faut toujours prendre en compte le contexte et y adapter la méthode.
Cet article a simplement pour but de vous faire comprendre qu’il existe une différence entre le travail effectif que nous réalisons vraiment et le travail perçu, celui que notre entourage (professionnel principalement et personnel parfois) pense que nous réalisons.
Si nous ne faisons pas attention à ce facteur, certains travers, ceux évoqués précédemment, peuvent parfois survenir. On est ainsi placé dans une situation désagréable de justification vis-à-vis de notre activité ; ce qui n‘est pas forcément naturel.
Communiquer sur sa quantité de travail est important. On ne se rend pas forcément compte de la quantité de travail qui est effectuée par nos collègues, jusqu’au jour où nous en parlons simplement avec eux. A l’inverse, certains en parlent beaucoup trop pour faire croire qu’ils sont débordés.
Avoir + de temps libre que de temps de travail, est-ce possible ?
Laissez-moi vous parler d’un best-seller en matière de temps de travail et d’entrepreneuriat. Il s’agit du livre La semaine de 4 heures: Travaillez moins, gagnez plus et vivez mieux ! de Timothy Ferriss.
Le nom du livre est provocateur n’est-ce pas ? Comment peut-il oser affirmer que l’on peut travailler seulement 4 heures par semaine et vivre de manière descente ?
Et bien, d’après l’auteur, c’est possible. Il présente la méthode qu’il a appliqué dans sa vie professionnelle, qui lui permet aujourd’hui d’avoir plusieurs entreprises, qui « travaillent pour lui ».
L’idée que j’ai trouvé la plus intéressante, et qui je dois l’avouer m’a beaucoup inspiré, est la suivante : Certaines tâches peuvent (et doivent) être automatisée.
Partant de ce constat, nous pouvons dégager du temps pour faire autre chose, tout en faisant toujours « tourner la boutique ». Il met l’accent sur l’importance d’« automatiser » au maximum son activité professionnelle. Pour se dégager du temps.
Soyons franc, ce livre est très inspirant. Il vend du rêve. Et en même temps, il y a beaucoup de choses réalistes/concrètes dont on peut s’inspirer dans son quotidien. Que l’on soit salarié, entrepreneur ou à la recherche d’un emploi.
Petite anecdote : Il donne une méthode très précise pour négocier la possibilité de télétravailler avec son employeur. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres de conseils donnés dans ce livre, mais en tant de crise sanitaire liée au Covid, des conseils comme ça, et bien c’est toujours bon à prendre. 🙂
Bref, si vous avez soif de liberté et d’indépendance, vous trouverez dans ce livre des éléments de réponse et d’inspiration à coup sur. 🙂
Revenons à nos moutons maintenant !
La fréquence des aprioris sur l’art de paraître débordé(e)
Comprendre cela nous permet de tirer avantage de ce phénomène. En effet, lorsqu’il y a un déséquilibre entre votre image et votre quantité de travail réelle, aussi minime soit-il, il est probable que vous mettiez en place des stratagèmes pour restaurer l’équilibre entre votre travail effectif et votre travail perçu.
C’est ici qu’on observe un phénomène très intéressant. Celui-ci est assez courant et compréhensible. Il règne aujourd’hui une telle pression dans certaines entreprises. La productivité est de mise.
Prenons une situation très courante, que j’ai personnellement vécue à de nombreuses reprises. Vous vous reconnaitrez surement dans ces exemples. A la suite d’une concentration intense pour mener à bien une de mes missions, je me suis octroyé une petite pause de cinq minutes pour me redonner de l’énergie avant de passer à la mission suivante.
Je marche dans le bureau pour me dégourdir les jambes, puis je me sers un café (en dehors de la pause habituelle effectuée par les collègues). Je retourne à mon poste de travail et consulte mes mails persos sur mon smartphone.
C’est à ce moment précis que des collègues, qui ne savaient pas ce sur quoi je travaillais depuis le début de la journée, disent des remarques du type : « Ah j’en connais un(e) qui se la coule douce. » Avec humour bien sûr, je m’entendais très bien avec ces personnes. Toutefois, ces mots ne sont pas anodins. Ils traduisent quelque chose de révélateur.
Pour aller plus loin sur ce point, lisez l’article
« T’as pris ton après-midi? »
L’importance de communiquer
D’extérieur, il est vrai que cela peut prêter à confusion. Le téléphone à la main, le café dans l’autre, ne travaillant pas alors qu’il s’agit d’un créneau sur lequel tout le monde travail. Les raccourcis sont humains. Ils pensaient que je maîtrisais l’art de paraître débordé. On est tous amenés à juger une situation, dès lors que l’on n’a pas tous les éléments en tête.
Ainsi, avec du recul, je n’ai pas assez communiqué au préalable avec ces collègues, sur les missions que j’effectuais. En effet, après une discussion avec eux, ils ne savaient pas concrètement ce sur quoi je travaillais. Je leur ai expliqué. Les raccourcis étant courants, ils pensaient que je n’avais pas grand-chose à faire, alors qu’eux disaient avoir un rythme de travail très fort.
Dans les faits, nous avions le même rythme de travail, avec les mêmes pressions qui y sont associées. Mon travail perçu était inférieur à mon travail effectif. A la suite de cette discussion sur les activités, l’équilibre était retrouvé. Mon travail perçu était au même niveau que mon travail effectif.
Il s’agit de pas grand-chose, juste un peu de communication. Pourtant, les conséquences positives sont nombreuses. Lorsqu’une situation similaire se reproduisit, les réflexions désagréables n’étaient plus là, car ils savaient “le pourquoi du comment d’une telle pause” à ce moment de la journée, au vu de mes missions.
Ce phénomène, l’art de paraître débordé(e), est d’autant plus vrai lorsque nous travaillons dans des bureaux partagés. Les « open-space » sont le paradis des aprioris et des réflexions injustifiées en tout genre. Les efforts de communication sont plus que nécessaire pour garder une atmosphère agréable, tolérante et bienveillante.
Pour en apprendre davantage sur ce sujet, lisez l’article
« Je dis ça, je dis rien… »
L’art de paraître débordé(e) : La pression de l’image au travail
On peut aussi observer une tendance, que je qualifierai de paradoxale. L’image que l’on renvoie dans le milieu professionnel prend une telle place que nous devons mettre en place des stratagèmes pour ne pas être dérangés.
Quiconque ose flâner quelques instants, à la suite d’un travail efficace et de longue haleine, sera parfois remarqué et jugé à tort. Ainsi, une pression s’installe au quotidien. On ne peut pas souffler, se relâcher pleinement quelques instants, sous peine d’être jugé par ses collègues, injustement parfois.
Cela peut aller des petites remarques dites sur le ton de l’humour, aux remarques incisives directes ou bien jusqu’aux remarques indirectes faites aux supérieurs hiérarchiques (qui eux n’ont pas les éléments de contexte).
Ainsi pour éviter toutes ces situations désagréables, liées à l’image que l’on renvoie (L’art de paraître débordé(e)), qui est parfois faussée, plusieurs stratagèmes entrent en jeu.
Ce sujet n’est pas récent, d’ailleurs, beaucoup de conseils sont donnés sur internet pour soigner son image professionnelle. L’article du blog Nouvelle Vie Pro évoque bien ce sujet.
Certain vont jouer la carte de la transparence et de la communication à outrance. D’autres vont refuser toutes les sollicitations de leurs collègues, car « je suis débordé ces temps-ci ».
Dans ce cas-là, si on ne renvoie pas une image de « paraître débordé », on apparaît comme « feignant » aux yeux des autres. Même si l’on a une organisation très efficace, que nous réalisons notre travail dans les temps et que cela nous permet, à juste titre, de s’autoriser un léger relâchement amplement mérité, on renvoie une image d’être disponible.
Notre société valorise ceux qui travaille dur et sans relâche. C’est ce qui est mis en avant, mais pas ce qui est le plus épanouissant pour notre santé. La course permanente peut nous essouffler à petit feu. Nos environnements de travail ne permettent pas toujours de trouver l’équilibre entre quantité de travail et santé.
L’art de paraître débordé(e), toute une histoire
Ainsi, lorsque l’on renvoie une image de « paraître débordé(e) », il y a un paradoxe. Cela montre d’un côté que l’on ne sait pas bien s’organiser. De l’autre côté, être débordé(e) est valorisé dans notre culture occidentale. C’est en effet bien perçu par l’entourage professionnel. On renvoie l’image qu’on travaille dur. C’est socialement valorisé.
C’est ainsi que beaucoup personnes sont devenues expertes dans « l’art de paraître débordé(e) ». Certains par choix, pour être tranquille. D’autres par survie, pour ne pas être débordé de travail et ainsi préserver leur santé mentale/physique.
Ces personnes ont bien compris qu’accepter toutes les demandes de leur entourage, pour paraître gentil et travailleur, quitte à être en surcharge de travail, n’est pas une solution sur le long terme.
Ce paradoxe lié au décalage entre le travail effectif et le travail perçu, est très intéressant. Votre travail d’introspection peut se pencher sur ce phénomène.
- Vous reconnaissez-vous dans ces exemples ?
- Comment gérez-vous votre image au travail ?
- Vos collègues ont-ils la vision nécessaire sur les missions que vous réalisez, pour juger votre travail à sa juste valeur ?
- Êtes-vous en mesure de communiquer efficacement avec votre entourage sur vos projets ?
- Êtes vous maître dans l’art de paraître débordé(e) ?
Merci d’avoir lu cet article et à très bientôt sur Trace Ta Carrière ! 🙂
Pour vous aider à définir concrètement ce que vous voulez faire de votre vie professionnelle, à l’aide d’exercices, je vous invite à recevoir gratuitement le guide que je vous propose sur ce site : « Faire le point sur sa vie professionnelle et personnelle (4 exercices) ».
Il vous suffit de remplir votre prénom et votre adresse email pour recevoir ce cadeau (sur la droite de la page si vous êtes sur ordinateur ou en bas de la page si vous êtes sur tablette/smartphone).
Coucou Boris, je découvre ton site avec plaisir. C’est très bien fait. Je suis heureuse de voir comment tu prends ta propre carrière en main.
Longue route à toi.
A bientôt.
Véronique
Coucou Véronique, merci pour ce message, ça me fait vraiment plaisir.
Au plaisir de se revoir, à bientôt !
Boris