Une frustration courante
« J’ai fait le tour de mon poste. » Occuper un emploi depuis un certain temps n’est pas toujours synonyme d’épanouissement, loin de là. La nouveauté est une notion excitante pour beaucoup d’entre nous, même s’il faut l’avouer, le changement peut être source d’appréhension.
Un phénomène très courant rentre en ligne de compte lorsque l’on parle d’épanouissement au travail. Je vais vous parler ici de « progression ». Pas nécessairement de progression « verticale » ou « hiérarchique », comme on l’interprète de prime abord. Ici, nous allons parler de progression « intellectuelle », de stimulation professionnelle ou encore d’apprentissage.
Lorsque je discute avec les gens que je rencontre et que je prends des nouvelles sur le plan professionnel, une phrase revient régulièrement. Ils me confient une « frustration » liée à leur travail. Celle-ci s’exprime, par exemple, de la manière suivante :
- « Je n’apprends plus rien de nouveau sur mon poste. »
- « J’ai l’impression d’avoir fait le tour de mon job. »
- « Je stagne professionnellement, je ne progresse plus. »
- « Je régresse au quotidien dans mon travail. »
- « Désormais, j’exécute mes missions sans réfléchir. »
Le point commun dans toutes ces phrases est l’absence de progression. Le sentiment de « stagner » voir même parfois de « régresser ». L’absence de nouveauté détruit à petit feu la motivation. L’absence de perspective nouvelle et stimulante a un effet négatif sur la perception que l’on a de notre travail.
On peut se dire qu’il est normal, au bout de plusieurs années, de ressentir ces choses-là. Au bout de 10 années sur le même poste, on imagine facilement ce discours. Pourtant, et c’est un fait pas si rare, ce discours est régulièrement exprimé au bout de seulement quelques mois. Dans les cas les plus extrêmes, il suffit de seulement quelques semaines.
J’ai fait le tour de mon poste : Le processus de lassitude
En prenant du recul, je me rends compte que ce phénomène m’a aussi touché. Et cela dans chacun de mes postes. Sans exception. J’ai donc décidé de prendre du recul. Cela m’a permis d’identifier un processus intéressant. Pourquoi sommes-nous extrêmement enthousiastes au début de notre prise de fonction, puis au bout de quelques temps, blasés par celui-ci ?
Ce sentiment de « lassitude au travail », qui est naturel et souvent inévitable, peut s’expliquer de la manière suivante.
1. Être stimulé par la découverte
Au départ, tout est nouveau : l’environnement de travail, les méthodes de travail, les collègues, les missions. La première phase consiste à s’acculturer de toutes ces nouvelles choses. Il s’agit d’une étape très stimulante, humainement et intellectuellement parlant. D’ailleurs, il y a souvent énormément d’informations à « digérer/assimiler » avant de pouvoir prendre ses marques. On ne discerne pas encore les aspects négatifs de ce métier ou de cet environnement.
2. Devenir à l’aise dans ses fonctions
La phase d’acculturation étant terminée, on commence à prendre ses marques. On s’approprie l’environnement de travail. Ainsi, on commence à prendre des habitudes (de travail et aussi avec les collègues). Il s’agit d’une phase importante dans la « vie du service ». Dès lors, on perfectionne nos méthodes de travail. On devient plus efficace.
3. Laisser place à la « routine »
Il est naturel d’atteindre un stade où la progression devient plus lente, voire inexistante. Vous avez balayé la majorité de vos missions. Désormais, vous rentrez dans un cycle nouveau : la routine. Vous êtes amené(e) à refaire des tâches que vous avez déjà réalisées.
C’est normal, c’est inscrit sur votre contrat de travail et vous êtes payé(e) pour cela. D’ailleurs, vous effectuez efficacement vos missions, mais plus de notion de découverte.
Pour certains, ce n’est absolument pas un problème, bien au contraire. Cela apporte une stabilité au quotidien, qui d’une certaine manière, peut être rassurante. Pas de jugement ici, juste une constatation.
Cependant, pour d’autres, il en découle un ressenti désagréable : l’absence de « stimulation intellectuelle », que beaucoup de personnes craignent. Dès lors, on commence à voir les aspects négatifs de notre travail. C’est ainsi que les discours du type « J’ai l’impression d’avoir fait le tour de mon job. », commencent à trotter dans votre esprit.
J’ai fait le tour de mon poste : L’importance de la nouveauté
Si vous vous retrouvez dans cette situation, vous vous demandez certainement : Que faire pour retrouver cette « stimulation intellectuelle » que je recherche ?
Je vais vous proposer des pistes, pour vous permettre de retrouver ces notions de « nouveauté » et de « progression », qui vous manquent tant dans votre vie professionnelle.
Un exercice simple : 10 minutes par jour
Avant de rentrer dans le vif du sujet, avec des conseils à mettre en application dans le milieu professionnel, laissez-moi vous parler d’un exercice, simple comme tout, mais ô combien efficace.
C’est dans le bouquin Dix minutes par jour de Chiara GAMBERALE que j’ai connu cet exercice, qui je vous l’avoue, a beaucoup changé mon quotidien.
Dans ce livre, le personnage de Chiara avait tout pour être heureux : une situation professionnelle, une relation de couple stable, des projets, un logement cosy. C’était tout ce qui, pour elle à cet instant, était épanouissant.
Pourtant, du jour au lendemain, elle perd TOUT. S’en suis une remise en question profonde et sa psy lui conseille une méthode atypique pour se sortir la tête de l’eau.
L’exercice est simple et accessible : Tous les jours, elle est invitée, pendant 10 minutes, à faire quelque chose de nouveau pour elle. Cela peut aller de choses toutes simples (prendre un nouveau plat au restaurant), à des choses plus inconfortables (aller parler à un inconnu dans la rue sans préparation ou essayer une nouvelle activité de loisir).
Au fil des semaines, l’exercice fonctionne et Chiara découvre de nouvelles facettes de sa personnalité. Elle évolue et sa vie change du tout au tout, progressivement.
Son histoire m’a captivé. J’ai lu le roman en un après-midi.. D’une traite. Puis, j’ai décidé, par curiosité, de tester cette méthode dans mon propre quotidien.
Et bon sang, qu’est-ce que c’est efficace, en plus d’être amusant. Tellement que, aujourd’hui, soit un an après, je continue de pratiquer cet exercice dès que j’en ai l’occasion ou dès que j’y pense. 10 minutes par jour. Easy à retenir en plus.
C’est un exercice simple comme bonjour, qui apporte beaucoup (et c’est un euphémisme) dans votre quotidien.
Bref, vous l’aurez compris, je recommande chaudement de lire ce livre si l’envie de découvrir de nouveaux horizons vous plait.
Revenons à nos moutons, dans le milieu professionnel…
1. Communiquer avec sa hiérarchie
La première chose à faire est d’en discuter avec sa hiérarchie, dans le but de faire évoluer vos missions. C’est un argument de poids : un salarié malheureux est un salarié moins productif. Surtout si vous faites du travail de qualité, cela sera très bien vu. Vous vous montrez enthousiaste et force de proposition.
Attention cependant à ne pas faire un « double emploi ». Vos missions doivent évoluer. C’est-à-dire, ne plus faire certaines missions ET en effectuer de nouvelles. Si ce n’est pas le cas, préparez-vous à une surcharge de travail considérable. Ce n’est pas ce que vous recherchez.
Votre contrat de travail doit être modifié (dans le meilleur des cas) ou bien assurez-vous les choses soient claires avec vos responsables. Elles doivent être limpides et comprises, des deux côtés.
2. Oser solliciter ses collègues
Ensuite, il faudra prendre l’initiative d’aller voir vos collègues qui travaillent sur des projets qui titillent votre curiosité, ceux qui vous intriguent. Demandez-leur si vous pouvez participer aux réunions ou aux étapes clés du projet, pour avoir de la visibilité.
L’idée est de se placer dans un premier temps en tant qu’observateur, puis au fur et à mesure du temps, vous pourrez prendre part réellement et concrètement à ces projets.
Pour illustrer cette démarche, je vais prendre l’exemple des stagiaires et des alternants dans les entreprises. Les premières semaines, lors de l’arrivée dans l’entreprise, ils observent et sont invités à participer à diverses réunions. Il s’agit ici d’une phase indispensable d’acculturation. Ils découvrent la culture de l’entreprise, les méthodes de travail, les projets et les enjeux.
Pour en apprendre davantage sur ce sujet, lisez l’article
« Bien s’entourer pour réussir »
3. Développer de nouvelles compétences
Une fois cette première phase bien entamée, leurs responsables commencent à donner des missions, petit à petit. Dans ces mêmes réunions, ils vont désormais être davantage acteur (en donnant leur point de vue et avec le temps, dans l’idéal, participer aux tâches de la même manière que le reste du groupe).
Cette approche est particulièrement bien vue par l’entourage professionnel et vous apprendrez de nouvelles choses au quotidien.
Récapitulons le processus à mettre en œuvre si vous vous dites « J’ai fait le tour de mon poste. »
- D’abord, il faut exprimer son envie de développer de nouvelles compétences.
- Ensuite, s’immerger en tant qu’observateur dans de nouveaux domaines.
- Finalement, participer activement en tant que membre à part entière.
Vous apprendrez de nouvelles choses (sur la thématique du projet, ainsi que sur les méthodes de travail). Une clé est d’exprimer explicitement votre intention d’élargir vos missions et vos compétences. De plus, ne faites pas cela uniquement pour vos intérêts personnels. Vos collègues doivent sentir que vous appréciez cette démarche et le temps passé avec eux.
J’ai fait le tour de mon poste : Lorsqu’il est impossible de faire évoluer vos missions
Dans les faits, il est souvent compliqué (mais pas impossible), de se libérer du temps sur son temps de travail, pour aller développer des compétences nouvelles. C’est pour cela qu’il est fondamental d’être totalement transparent sur votre intention d’évoluer professionnellement. Vos responsables doivent comprendre cela et être impliqués pour vous autoriser à faire cela sur votre temps de travail.
Sachez souligner les avantages de votre démarche pour l’entreprise :
- Vous développerez vos compétences « gratuitement » pour l’entreprise.
- Votre polyvalence sera plus grande, de même pour votre efficacité.
- Vous influez une dynamique positive auprès de vos collègues. D’une certaine manière, vous « osez » sortir de votre zone de confort. C’est inspirant pour beaucoup de personnes. Ils seront peut-être tentés ensuite de faire pareil.
Dans l’éventualité où votre hiérarchie est totalement hermétique à cette idée, ne vous découragez pas pour autant. Il arrive que vos responsables et vos collègues proches ne comprennent pas votre volonté. Ils la voient d’un mauvais œil. C’est le cas où, humainement, il va falloir se poser des questions : « Êtes-vous dans un environnement bienveillant ? ».
Une autre raison peut être à la source de ce refus. C’est le cas lorsque l’activité ne le permet pas. Lorsque la quantité de travail à effectuer au quotidien est beaucoup trop grande. Aucun répit n’est possible. Ici, vos responsables ont beau faire tout leur possible, de manière bienveillante, ce n’est techniquement pas possible.
Malheureusement, cette « impossibilité de découvrir de nouvelles choses dans son poste » arrive très régulièrement. Que les raisons soient justifiées (ou non). C’est catastrophique lorsque cela nous arrive. En effet, cela vient impacter notre motivation de manière fulgurante. Il n’est plus possible de se projeter dans l’avenir. On baigne dans cette frustration qui nous fait dire : « Je m’ennuie dans mon travail ; je n’apprends plus rien de nouveau ; j’ai fait le tour de mon job ».
Un article sur le site internet Fiche Métier parle bien de ce phénomène, allez y faire un tour si vous voulez creuser ce point.
J’ai fait le tour de mon poste : Autre option, L’auto-apprentissage
Vous n’allez pas vous laisser décourager pour autant. Votre dernière option consiste à vous prendre en main par vous-même, de votre côté.
Pour aller plus loin sur ce point, lisez l’article
« Comment élargir son horizon professionnel simplement ? »
L’auto-apprentissage est une démarche efficace. Elle permet d’avancer à votre rythme, sans contrainte. Toutefois, je vous conseille vivement de tenter d’abord votre chance au sein de votre entreprise, sur le poste que vous occupez actuellement. Si cela n’est finalement pas possible, explorez de nouveaux horizons par vous-même.
Vous serez surpris des portes qui peuvent s’ouvrir à vous, dès lors que vous osez exprimer clairement vos envies. 😊
Merci d’avoir lu cet article et à très bientôt sur Trace Ta Carrière ! 🙂
Pour vous aider à définir concrètement ce que vous voulez faire de votre vie professionnelle, à l’aide d’exercices, je vous invite à recevoir gratuitement le guide que je vous propose sur ce site : « Faire le point sur sa vie professionnelle et personnelle (4 exercices) ».
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